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Fragments à la vanille (l'actualité culturelle selon Camille)
9 octobre 2015

Dans les yeux de ... Matthias Schoenaerts

Par une soirée pluvieuse de septembre, une petite foule excitée s'est installée dans la salle numéro 1 du MK2 Bibliothèque, à Paris. 

La cause de tant d'exhaltation ? La présentation en avant-première du nouveau film d'Alice Winocour, Maryland.

 

L'équipe du film (productrices, réalisatrice, actrice et acteur principaux) était présente ce soir-là, avec quelques gouttes de glamour et de rêve cannois. 

Alice Winocour était mal à l'aise quand elle a pris la parole, un peu triste de se séparer de son film peut-être, comme une mère qui laisse partir son enfant un peu trop tôt. L'angoisse aussi sans doute d'affronter la réaction d'un public amateur, après avoir écumé les festivals et épuisé les plumes des critiques. Mais la jeune femme brune a pu compter sur le sourire rassurant et la solidité de l'homme qui se tenait à côté d'elle, un acteur belge en plein ascension, Matthias Schoenaerts. Ils se sont remerciés l'un l'autre plusieurs fois, puis, embarrassés, ont vite retrouvé l'ombre de la salle pour laisser place à la lumière du film projeté sur l'écran.

"J'ai voulu réaliser un film subjectif", ce sont les quelques mots de la réalisatrice timide qui ont réussi à atteindre  le public et ce sont les plus importants.

Le film se déroule dans une maison du sud de la France, personnage à part entière de l'histoire, répondant au nom de "Maryland". Film éponyme donc.

Dans cette vaste demeure vivent Jessie (Diane Kruger, délicieusement sensible et fragile) et son fils, au milieu du monde politico-économique flirtant avec la légalité de leur mari et père respectif. Pour assurer la sécurité lors d'une soirée mondaine, on fait appel entre autres à un homme  fort et solide, un soldat de retour de combat, qui est intérieurement brisé par un syndrome post-traumatique puissant.

La caméra se saisit du regard habité de  Vincent (Matthias Schoenaerts) dès les premières secondes et ne s'en défait pas ; l'agilité du comédien à faire vivre des émotions dans ses yeux atteint des sommets vertigineux et hypnotise les spectateurs. On sent l'inquiétude pointer à chaque instant, l'angoisse du soldat d'ouvrir les yeux sur une zone de guerre mais aussi celle de ne pas y retourner et de devoir se construire ailleurs. Vincent trouve dans son nouvel emploi de garde du corps  à la fois un enfer personnel (la tension autour d'eux nourrit sa propre confusion) et son expiation (il y a un avenir pour Jessie et son fils et peut-être un avenir avec eux). Car c'est son combat qui est avant tout l'objet du film. Vincent est de toutes les scènes, son regard est omniprésent et son corps aussi, ce corps-carapace qui le protége et l'enferme en même temps, qui donne et prend beaucoup de coups.  

Le film se développe autour d'une trame narrative finalement assez simple, que le huis presque clos nourrit, et l'atmosphère grandit en intensité, jusqu'à l'irruption d'éclairs de violence qui rappelent les scènes de Nicolas Winding Refn dans Drive. Tout est efficacement travaillé, les jeux d'ombre et de lumière, les battements de l'incroyable musique créée par Gesaffelstein, pour témoigner de la tension des personnages et maintenir l'attention des spectateurs déjà haletants.

La beauté de ce film, c'est aussi de jouer avec les contrastes, d'insérer ici et là des scènes presque drôles, qui permettent de souffler un instant (la scène dans la cuisine notamment, où des vrais sourires apparaissent enfin) ; et surtout, des moments de tendresse, à travers des regards qui se caressent, et cette scène finale, étrangement banale après le spectacle qui s'est joué à Maryland, et terriblement juste.

Une bien belle soirée en somme, grâce à un thriller maîtrisé et hypnotisant. 

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Maryland d'Alice Winocour, ou quand Hitchcock rencontre Refn, sortie en salles le 30 septembre.    

 

 

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  • Je crois au pouvoir des mots et des images, qui dévoilent avec poésie nos fragilités, nos illusions. Je crois au pouvoir de l'art et à son humanité. Mes rimes vous invitent à une promenade dans ce monde culturel qui berce, réconforte, réveille et dévoile.
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