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Fragments à la vanille (l'actualité culturelle selon Camille)
9 octobre 2015

Millepied, Robbins, Balanchine : rentrée du ballet à Garnier

Les dorures sont toujours là, le lourd rideau rouge aussi, le fastueux escalier d'honneur rayonne : c'est l'heure de la reprise pour le corps de ballet de l'Opéra de Paris. 

Ce soir, Benjamin Millepied, jeune et charismatique directeur du ballet, ouvre la saison et présente une de ses nouvelles créations : double-défi donc. 

Trois pièces se succèderont ce soir ; on commence avec l'oeuvre du maître des lieux, "Clear, Loud, Bright, Forward".  La musique de Nico Muhly donne tout de suite le ton : ce ne sera pas classique. La lumière noire, blanche, parfois rouge, flirte principalement avec les cinquante nuances de gris. C'est donc dans une atmosphère assez froide, dans une grande pière carrée angoissante que se débattent les personnages. Les mouvements s'enchaînent, saccadés, parfois désaccordés, à un rythme effréné. Il y a une urgence sur scène, qui entraîne l'impossibilité d'aller jusqu'au bout, de finir le geste. Le manque de liberté est criant dans cet espace où chacun s'observe, chacun se déplace en fonction de l'autre. Un pas de deux maîtrisé et innovant où se lit à la fois la culture classique du créateur et ses idées qui cassent les codes vient interrompre cette attente, car on attend, pendant toute la pièce, que l'évènement qui changera enfin la donne arrive. Mais il n'arrive pas, pas vraiment en tout cas, d'où l'angoisse. On s'agite sur scène, on se précipite, on s'échappe puis on s'efface. 

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Mathieu Ganio et le corps de ballet dans "The dreamer", Opéra de Paris 

La deuxième oeuvre présentée fait aussi son entrée au répertoire de Garnier, elle est signée Jérome Robbins sur une musique de Prokoviev. Le danseur étoile vêtu de blanc (magnifique Mathieu Ganio le 7 octobre) porte sur ses épaules cette envolée dansée répondant au doux nom de "The dreamer", plus classique que la pièce de Millepied, tout autant poétique. Le camaïeu de bleu des costumes des danseurs nous emmène avec eux dans un monde imaginaire, dans un ciel des idées apaisé et réconfortant, où le personnage s'évade, se cherche, s'épanouit et se repose. Les  mouvements sont fluides et élégants, comme toujours, et le rêve, atteint. 

Last but not least, voilà la chorégraphie de Balanchine sur la musique du maître, Tchaikovski. Lorsque le rideau se lève, les souffles impressionnés des spectateurs sont appréciateurs de la beauté des costumes, tutus magnifiquement pailletés dans la belle tradition du ballet. Ce soir-là, Josua Hoffalt devait danser le rôle principal ; souffrant, c'est finalement Hugo Marchand qui a été appelé au dernier moment pour accompagner Laura Hecquet dans ce "Thème et variation" compliqué, par la rapidité et la diversité des mouvements notamment. La tension était palpable et les spectateurs ont tremblé quelques fois, devant un saut déséquilibré ou devant un porté un peu maladroit. Cela n'a pas empêché la magie d'opérer et l'assistance d'être enchantée par ces ensembles virtuoses portés par une musique magnifique.

 

Rentrée réussie pour le ballet de l'Opéra de Paris, qui prouve encore et toujours être capable de relever tous les défis.  

  

 

 

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Fragments à la vanille (l'actualité culturelle selon Camille)
  • Je crois au pouvoir des mots et des images, qui dévoilent avec poésie nos fragilités, nos illusions. Je crois au pouvoir de l'art et à son humanité. Mes rimes vous invitent à une promenade dans ce monde culturel qui berce, réconforte, réveille et dévoile.
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