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Fragments à la vanille (l'actualité culturelle selon Camille)
18 octobre 2015

Un Woody déraisonnable ?

"Il est comment le dernier Woody Allen ?" est une question qui revient chaque année dans les conversations et à laquelle je mets un point d'honneur à avoir toujours une réponse personnelle. Commençons par le titre. Un homme irrationnel. Bon. On a connu plus vendeur (spéciale dédicace à Midnight in Paris et Magic in the moonlight dans ce domaine). Les acteurs ? Joaquin Phoenix et Emma Stone. Couple surprenant et peu crédible au premier abord mais, après tout, c'est Woody donc why not. Le cadre ? Retour aux Etats-Unis pour le réalisateur, du côté de Providence. Dépaysement par rapport à l'Europe et à New York. Un nouveau Blue Jasmine ?

Il ne reste plus qu'à le voir pour se faire une idée. Allons-y. 

Samedi soir, Place de Clichy. Il y a un monde fou dans la salle et il y fait une chaleur étouffante. C'est que Woody attire toujours autant : les fans inconditionnels qui ne se sont jamais remis de Annie Hall ou de La rose pourpre du Caire et qui sont prêts à lui pardonner toutes ses folies comme les plus jeunes, qui ont découvert son cinéma avec Vicky Cristina Barcelona et qui sont toujours curieux de se plonger dans son univers un peu dérangé, tellement égocentrique mais tellement drôle. 

L'histoire : sur un campus américain, un professeur de philosophie, Abe (Joaquin Phoenix qui fait du Joaquin Phoenix : je n'accroche pas) envoûte une de ses étudiantes, fraîche et intelligente, Jill (Emma Stone : son jeu est toujours aussi vrai et rafraichissant, c'est une petite merveille). Abe est un esprit torturé, qui se perd dans la boisson pour éviter de penser à la vanité de l'existence. Du moins, jusqu'au jour où il surprend une conversation qui redonne soudainement du sens à sa vie,  car il se décide à commettre un meurtre, pour débarrasser une mère de famille en détresse d'un juge aux affaires familiales corrompu et tyrannique.

S'en suit alors un jeu du chat et de la souris entre Jill, sous le charme du professeur, et tous les indices qui s'accumulent devant elle, faisant de Abe le coupable évident de cet assassinat qui fait la une des journaux dans leur petite ville universitaire américaine. Les rumeurs courent, les gossips s'accumulent et les "je l'ai vu à 6h30 sur le campus le jour du meutre" ou "je suis tombée sur lui dans le labo de chimie la veille" se déversent dans l'esprit de plus en plus soupçonneux de Jill. Mention spéciale à Parker Posey, qui interpète Rita, une professeur de biologie un peu nymphomane, et dont la "crackpot theory" est une péripétie déterminante.

Malgré tout, le spectateur, qui a accès à la fois aux esprits de Jill et de Abe, se lasse rapidement de ce jeu de miroir et le personnage de Joaquin Phoenix n'a pas l''excuse de l'ambition désespérée de Chris (Jonathan Rhys-Meyers dans Match Point). En un mot, on ne le comprend pas donc on ne s'y attache pas. Un homme irrationnel donc. De ce côte-là au moins, le pari est réussi. Mais c'est malheureusement l'un des seuls. Bien sûr, le rythme est là mais l'histoire n'emballe pas, malgré toute la bonne volonté des acteurs et du réalisateur. La fin est très "allenesque", avec cette touche d'humour qui le caractérise. A noter l'irruption inhabituelle de la morale dans cette conclusion hyper rapide, et la malheureuse banalité des derniers mots d'Emma Stone. 

Bref, un film bancal. Pas le meilleur Woody Allen, mais en même temps, il a fait tellement de bons films ... De temps en temps, il en faut bien un qui ne casse pas trois pattes à un canard. Cet Homme irrationnel-là est à Emma Stone après Magic in the moonlight ce que Scoop a été à Scarlett Johansson après Match Point, un essai non-transformé. C'est bien dommage. 

 

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  • Je crois au pouvoir des mots et des images, qui dévoilent avec poésie nos fragilités, nos illusions. Je crois au pouvoir de l'art et à son humanité. Mes rimes vous invitent à une promenade dans ce monde culturel qui berce, réconforte, réveille et dévoile.
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