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Fragments à la vanille (l'actualité culturelle selon Camille)
31 janvier 2016

Le véritable visage de Danish Girl n'est pas celui qu'on croit

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Le regard d'une femme peintre qui sait voir avec le coeur, voilà le vrai sujet de Danish Girl.   

Eddie Redmayne, Tom Hooper, Alicia Vakander et moi dans une salle de cinéma. Tout cela s'annonçait fort bien. Peut-être trop bien.

The Danish Girl est un beau film, esthétique : Copenhague et les célèbres maisons multicolores de NyHavn, le brouillard lumineux des régions du nord du Danemark (la Zealand), un atelier de peintre reconstitué avec talent, des personnages attirants qui se retrouvent dans le Paris des années folles ... Oui, The Danish Girl offre un joli spectacle, et Tom Hooper est sans conteste passé maître dans l'art de la reconstitution et de la création d'atmosphères enchantées (il a notamment fait ses preuves dans Le Discours d'un roi ou dans Les Misérables, avec, déjà, Eddie Redmayne). Mais malheureusement, cela ne suffit pas à faire un grand film.

Il y manque ce je-ne-sais-quoi qui transporte le spectateur et qui l'habite pendant plusieurs heures lorsqu'il sort de la projection ; il y manque un personnage principal auquel on s'attache vraiment. Bien sûr, Eddie Redmayne joue bien, il est  convaincant dans le rôle de Lili, le double-féminin du jeune peintre Wegener qui s'impose petit à petit dans sa vie ; mais on ne le comprend pas. L'approche du personnage reste superficielle et le spectateur reste démuni face à cette transformation - ce désespoir et cette certitude - que le réalisateur ne saisit jamais complètement, dont il ne dévoile que les aspérités extérieures. 

Heureusement, il y a une étoile, qui est notre bouée de sauvetage dans ce mélodrame, et elle porte les doux traits d'Alicia Vikander - qui a reçu d'ailleurs, pas plus tard qu'hier, le prix de la Screen Actors Guild pour la meilleure actrice dans un second rôle pour ce film. 

Cette jeune actrice suédoise, découverte dans A Royal Affair puis dans Mémoires de jeunesse, est réellement prodigieuse et porte le film sur ses épaules : elle est le point d'ancrage du spectateur, celle que l'on regarde pour tenter de comprendre ce qui se joue sur l'écran. Elle-aussi est perdue face au combat que son mari / ami livre contre lui-même, pour lui-même, presqu'égoïste dans son désir de devenir une femme, fantasme dont il voudrait faire une profession. Cette scène où Lili répond à Gerda, qui lui demande pourquoi elle ne peint plus, qu' "être peintre ne l'intéresse plus, elle veut être une femme" est dans cette optique décisive.  Oui, Gerda / Alicia est exceptionnelle, une femme courageuse et terriblement forte, qui fait passer son amour et son attachement pour celui qui fut son mari et qui devient sa meilleure amie devant son propre futur - refusant presque le secours d'un séduisant galériste parisien joué par Matthias Schoenaerts. 

Finalement, c'est le parcours de cette femme à l'esprit profondément bon et respectueux pour ce que vit son mari - qui détonne dans le paysage sévère de la moralité européenne du début du XXème siècle - qui impressionne le plus et ce sont sa détresse et sa générosité qui questionnent le spectateur longtemps, bien après qu'il a quitté la salle de cinéma.

Dommage que ce personnage soit envisagé comme un second rôle. 

 

 

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  • Je crois au pouvoir des mots et des images, qui dévoilent avec poésie nos fragilités, nos illusions. Je crois au pouvoir de l'art et à son humanité. Mes rimes vous invitent à une promenade dans ce monde culturel qui berce, réconforte, réveille et dévoile.
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