"Dix pour cent" à la télévision, cent pour cent de réussite ... pour l'instant

On aurait tort de s'emballer ;après tout, seuls deux épisodes ont été diffusés ; mais il y a de quoi avoir de l'espoir. France Télévision, et les chaînes télévisées françaises de manière générale, ont enfin compris le potentiel fou des séries et mettent les moyens pour en produire de qualité. On n'en est pas encore au niveau des productions anglo-saxonnes, avec les fleurons d'un HBO, d'un ITV ou même d'un Netflix. Mais ça bouge. Heureusement. 

"Dix pour cent" est donc la nouvelle série diffusée sur France 2, inspirée des aventures de Dominique Besnehard en tant qu'agent de stars à Paris. Parce qu'un agent touche 10% des contrats de son acteur NDRL. Entamée sur Canal Plus, la série qui y a stagné pendant plusieurs années s'est offert un joli succès lors de sa première diffusion en prime time le mercredi 14 octobre : 4,8 millions de téléspectateurs ! Décryptage de ces deux premiers épisodes réussis. 

Comme toute série qui se respecte, tout commence avec l'arrivée d'une petite nouvelle dans un microcosme passionant et bouleversé : c'est Camille, la fille cachée d'un agent parisien tout sauf paternel, Matthias, qui se débrouille pour être engagée comme assistante d'Andrea (géniale Camille Cottin) au sein même de l'agence de son père. Camille a des étoiles plein les yeux et veut "faire du cinéma" (même si elle ne sait pas tout à fait ce que ça peut bien vouloir dire). Complications, bonjour !

L'agence d'agents est en pleine ébullition et les stars, qui ont accepté de jouer leur propre rôle dans des situations qui viennent d'anecdotes, défilent. Ainsi, Cécile de France est confrontée à l'injustice des studios hollywoodiens envers les femmes de plus de quarante ans et se laisse tenter (pas longtemps, je vous rassure) par le botox, tout ça pour la caméra potentielle de Tarantino. Ensuite, c'est  Françoise Fabian et Line Renaud qui se disputent par agents interposés un rôle dans un long-métrage indépendant. Prises de bec en perspective, et tout ça, pour le plus grand plaisir des spectateurs !

Devant la caméra de Cédric Klapisch, on retrouve ce réalisme qui est la marque de fabrique du réalisateur français, mêlé à un 'humour un peu cynique par petites touches et à une ethétique remarquable, à mi-chemin entre House of Cards et Sherlock, avec ce qu'il faut de French Touch (Paris oblige).  Les personnages prennent forme petit à petit et il y en a pour tous les goûts : le manipulateur ambitieux, le gentil meilleur copain, l'idéaliste à la franchise insupportable, la stagiaire aux grands yeux étonnés, l'assistante amoureuse de son boss ... Bref, on adore. Et y'a même un cliffhanger ! (No spoiler, promis)

D'autant plus que, pour une fois, les rôles féminins ne sont pas seulement des faire-valoir des rôles masculins. C'est d'ailleurs ce que Fanny Herrero, la showrunner de la série (entendez par là qu'elle est une Shonda Rhimes à la française, à la tête d'une petite équipe d'auteurs, garante de l'unicité de ton et de la cohérence des histoires), a déclaré au journal Les Inrocks : "Dix pour cent est plus qu’une série sur des agents. C’est d’abord une comédie de mœurs avec des trajectoires de personnages féminins très indépendants, forts, qui ne vivent pas à travers l’amour ou les hommes. C’est également un prisme pour parler du rapport de l’art de l’argent, du travail, du rapport entre vie publique et vie privée…" Que de belles promesses ! Il ne reste plus qu'à les tenir ... 

Dix pour cent, le mercredi soir à 20h55 sur France 2.

Pour retrouver l'interview de Fanny Herrero : http://www.lesinrocks.com/2015/10/15/cinema/actualite-series/fanny-herrero-creatrice-de-dix-pour-cent-mon-reve-est-de-faire-une-serie-dauteur-populaire-11781355/